Histoire et patrimoine
Toponymie
Sur la cloche de l'église apparaît le sceau de la commune de Monpazier (1476) - Photo. Il apparaît sous forme latinisé montis paserii qui signifie mont de la paix.
Historique
Au XIII ème siècle, le terme Bastida désigne dans le Sud-Ouest de la France, la création de villes-neuves. Deux évènements historiques vont pousser à la création des bastides: au début du XIII ème siècle la répression contre les hérétiques cathares et à la fin du siècle les conflits franco-anglais (après le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt). Pour marquer les frontières entre capétiens et plantagenêts, chacun des camps entreprit la construction de villes.
La bastide de Monpazier fut fondée, le 7 janvier 1284, au nom du roi Edward Ier d’Angleterre, par son sénéchal Jean de Grailly qui, en 1285, passa un contrat de paréage avec Pierre de Gontaut, seigneur de Biron, qui lui legua la terre.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, Monpazier passa et repassa de la domination des Capétiens à celle des Plantagenêts. Ce n'est que sous le règne de Charles V, roi de France de 1366 à 1380, que la bastide devint une possession française.
En tout temps, la bastide fut le théâtre de nombreux conflits, révoltes et épidémies: Guerre de Cent ans, Réforme et Contre-Réforme, révolte des Croquants, peste, typhoïde... Malgré ces vicissitudes, la bastide de Monpazier a conservé son caractère originel et son architecture exceptionnelle.
Considérée comme la ville-neuve au tracé orthogonal parfait, Monpazier influença le style des plus grands architectes (Viollet-le-Duc, le Corbusier).
Eléments architecturaux
Une enceinte - Photo encerclait la ville. Le rempart et les fossés étaient renforcés par la construction de 6 tours-portes à gorge situées aux accès principaux de la ville. Ce type de fortification était implanté dès l’origine de la bastide. Il ne subsiste de ces ouvrages que 2 tours-portes au nord et une au sud. Monpazier apparaît comme une place forte avec un système défensif de qualité : assommoir, vantaux, ouvrages du début du XIV ème siècle défendus par une herse. Le système défensif fut détruit sous Richelieu.
Le plan structuré de la bastide est organisé en plusieurs types de voies dont les carreyras et les carreyrous - Photo. L'édification de ces villes-neuves s'accompagnait d'une idéologie différente de l'époque: ce projet socio-économique voulant être égalitaire, chacun se voyait attribuer des parcelles à bâtir de taille égale.
La place centrale carrée, munie d'une halle, est l’élément ordonnateur du plan. La place des Cornières - Photo de Monpazier était le lieu d’échange, de commerce, de justice. Le marché s’y tenait le jeudi ainsi que les jours de foires annuelles. Autour de la place, 23 maisons à portiques ouverts, édifiées du XIII ème au XVII ème siècle, forment des avant-boutiques : les cornières, soutenues par de larges piliers de pierres, communiquent avec la place par des arcades. Des baies ouvragées munies de trilobes, colonettes, chapiteaux ornés sont toujours visibles aujourd'hui.
Pôle urbain important mais secondaire de par son emplacement, l’église Saint-Dominique - Photo de Monpazier est un édifice sobre, comme il est de coutume dans les églises de bastides. Toutefois, il est le seul édifice monumental dans ce paysage d’habitations similaires juxtaposées. C’est une église composée d’une nef unique de 3 travées barlongues suivie d’un choeur à travée droite et d'une abside polygonale ( à 5 pans). Elle fut construite en 2 temps : dès la fondation de la ville et au XV ème siècle. L'importance des masses et des contreforts l'apparente au style gothique méridional.
La maison du Chapître - Photo est un édifice situé à proximité de l'église Saint Dominique, rue Notre Dame. C'est l'une des maisons les plus imposantes de la bastide de par sa hauteur et sa largeur (elle occupe 2 lots à bâtir). Elle accueillait les chanoines de la collégiale et servait de lieu de stockage pour les biens récoltés lors du prélèvement de l'impôt ecclésial: la dîme. La façade témoigne de la richesse architecturale du bâti du XIIIème siècle: baies géminées, à croisée, vestiges de cheminée, corbeaux en pierre ( éléments permettant de soutenir les planchers)...
Les Récollets s'installèrent dans la bastide en 1644. Le couvent - Photo se situait au sud-est de l'église Saint-Dominique. Cet ensemble architectural fut agrandi par nécessité de place. Il fut occupé au XVIIIème siècle par la congrégation Sainte-Marthe de Périgueux. Les soeurs y promulguaient des soins aux pauvres et s'occupaient de l'instruction des jeunes filles. Aujourd'hui une partie de ces locaux, nommés Atelier des Bastides, accueille des expositions permanentes (exposition Jean Galmot site web , photos ancienne de la vie quotidienne à Monpazier et exposition mise en place par le groupe archéologique de Monpazier) et temporaires.
Les équipements du quotidien, du Moyen-Age à l'époque moderne, sont encore visibles de nos jours.
L'eau était l'élément essentiel dans une bastide. A l'intérieur de l'enceinte, le puits public siège au centre de la place des Cornières. Certains aménagements se trouvaient à l'extérieur de l'enceinte:
- Au nord-est, le puits du lavoir - Photo est protégé par un édifice avec en partie supérieure un fronton surbaissé De forme rectangulaire, le lavoir était protégé par un auvent et est approvisionné par l'eau de source.
- un petit édifice surmonté d'un tympan abrite la fontaine des amours - Photo. Sur les piédroits, maintenant le fronton du bâti, 2 coeurs sont gravés. Ils encadrent l'inscription « Fontaine des amours ».
Les andrones, petits espaces de 30 cm entre 2 bâtiments, servaient d'évacuation pour les immondices et les eaux de pluie. Des latrines ont été conservées dans certaines andrones de la bastide
La qualité et la diversité architecturale des maisons est caractéristique de Monpazier: maison de type médiéval, la maison de type classique et la maison bourgeoise. Cet ensemble cohérent et important a conféré un statut de ville-monument.
Protections et labels
1982 : La bastide de Monpazier obtient le label Un des Plus Beaux Villages de France
1990 : L'intra-muros et les abords de la bastide furent classés Secteur Sauvegardé afin de protéger, restaurer et sauvegarder la qualité architecturale du site.
1991: Afin que la mise en valeur soit totale, l'Etat proposa une Opération Grand Site qui permit à Monpazier d'effectuer des aménagements.
1995 : Pour sauvegarder la qualité du paysage naturel de Monpazier, une Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) fut instaurée.
32 immeubles et sites sont protégés au titre des Monuments Historiques (19 classés et 13 inscrits).